Histoire Naturelle des Poissons - Appendice au Livre Huitième: L'Ophicéphales

George Cuvier
A. Valenciennes

Table of Contents (ToC)

  1. Ophicephalus, Bloch
  2. Ophicephalus punctatus, Bloch
  3. Ophicephalus marginatus, nob.
  4. Ophicephalus cora-mota, nob.
  5. Ophicephalus fuscus, nob.
  6. Ophicephalus aurantiacus, Buchan.
  7. Ophicephalus lucius, K. et V. H.
  8. Ophicephalus striatus, Bloch
  9. Ophicephalus planiceps, K. et V. H.
  10. Ophicephalus sowara, nob.
  11. Ophicephalus micropeltes, K. et V. H.
  12. Ophicephalus serpentinus, nob.
  13. Ophicephalus nigricans, nob.
  14. Ophicephalus marulius, Buchan.
  15. Ophicephalus ocellatus, nob.; Bostrichoïde oeillé, Lacép.
  16. Ophicephalus grandinosus, nob.
  17. Ophicephalus barca, Buchan.
  18. Ophicephalus maculatus, Lacép.
  19. Ophicephalus miliaris, nob.
  20. Ophicephalus iris, nob.

Des Ophicéphales (Ophicephalus, Bl.)

S'il était possible d'admettre qu'il existe dans la nature des êtres anomaux, il n'y en aurait aucuns que l'on dût à plus juste titre considérer comme tels, que les ophicéphales ; non pas tant à cause de leur tête couverte de plaques rappelant un peu celle des couleuvres, qui leur a valu leur nom générique, et qui n'a rien de plus extraordinaire que celle des muges, qu'à cause de l'analogie singulière qu'ils montrent avec les genres dont nous venons de traiter, les anabas, les hélostomes; les polyacanthes, les osphromènes et les trichopodes, et cela dans toutes leurs parties, hors un seul point, l'absence totale de rayons épineux dans leurs nageoires, excepté répine de leurs ventrales; seul caractère par lequel ils tiennent aux acanthoptérygiens. Ils sont ainsi trés-près de rompre cette grande division des poissons osseux en acanthoptérygiens et malacoptérygiens, qui avait paru jusque-là ne détruire aucun rapport naturel.

Théophraste avait déjà eu connaissance de ces poissons singuliers; car c'est bien à eux que doit se rapporter le passage de ce philosophe que nous avons cité, et où il dit qu'il y a dans les Indes des poissons semblables à des muges, qui passent une partie de leur temps a terre; mais les modernes ne les connaissent que depuis peu. Bloch en a décrit et fait graver deux espèces, qui lui avaient été envoyées de Tranquebar par le missionnaire John; et tout ce qui en a été dit dans les ichtyologies générales, est emprunté de son ouvrage. On l'a même copié dans cette erreur qu'il a commise tant de fois, de confondre la langue malabare avec la langue malaie. John lui ayant écrit que l'un de ces poissons s' appelle karuvei en tamoule, et l'autre vral ou varal en malabra 1, Bloch et ses successeurs ont toujours fait de ce, un mot malais, ne se doutant point que vral ou varal varal un mot malais, ne se doutant point que malabare est le nom que les Européens donnent communément à la langue de la côte de Coromandel, dont le nom propre est tamoule, et que par consé quent le malabare et le tamoule 2 sont la même langue, mais une langue très différente du malais, que l'on ne parle point dans la prèsqu'île en deçà du Gange.

Depuis Bloch, deux auteurs originaux ont beaucoup étendu nos connaissances sur les ophicéphales. M. Patrice Russel, dans ses Poissons de Vizagapatam, en a représenté trois espèces, et en a décrit quatre; et M. Hamilton Buchanan dans son Histoire des poissons du Gange, en a donné jusqu a sept, et n'a rien laissé, ignorer de leurs habitudes et des usages que l'on en fait aux Indes.

MM. Sonnerat, Leschenault, Kuhl, Duvaucel, Bélenger et Dussumier, nous ont procuré des occasions de voir par nous-mêmes plusieurs de ces poissons, et d'ajouter quelques espèces à celles que l'on connaissait ainsi que d'entrer dans de nouveaux détails sur les organisation.

On distingue les ophicéphales des autres poissons à nageoires molles et à ventrales thoraciques par les écailles, ou plutôt par les aques polygones qui recouvrent leur crâne t leur front, comme dans les muges et les anabas. The skull of a snakeheadfish ventral view

Leur corps est assez alongé, peu comprimé de l'arrière, et presque cylindrique de l'avant. Leur tête se déprime plus ou moins et est un peu plus large que le corps. Le museau est très-court, large, obtus. Les yeux s'approchent de son extrémité. Les deux orifices de la narine sont assez éloignés; car l'antérieur, garni d'un petit tube charnu, est sous le bord du museau : le postérieur, en forme de simple trou, est tout près de l'oeil. La gueule est fendue en travers, au bout du museau, large, garnie aux deux mâchoires, au chevron du vomer et aux palatins, de dents en velours ou en cardes, parmi lesquelles il se mêle souvent d'assez fortes canines. Il y a même une plaque de ces dents en velours sous l'arrière du crâne, comme on en voit de coniques dans l'anabas. Les couvercles de leurs ouïes sont convexes latéralement et couverts d'écailles, ainsi que la joue, et il n'y a de dentelures ni d'épines à aucune de leurs pièces, ni aux sous-orbitaires. Les sous-orbitaires, les mâchoires et la membrane branchiostège sont nus. La langue, est lisse, obtuse et assez libre. Les ouïes sont médiocrement fendues, et leur membrane n'à que cinq rayons. Il n'y a aucune dentelure ni écaille particulière, soit aux os de l'épaule, soit aux nageoires paires. Presque tout le du dos règne une nageoire d'à peu près égale hauteur, et dont tous les rayons sont articulés et un peu branchus. L'anale correspond au deux derniers tiers de la longueur de cette dorsale, et se compose également de rayons mous. La caudale est arrondie. Les pectorales et les ventrales sont petites et n'ont rien de particulier, si ce n'est que le premier rayon des ventrales paraît simple; ce qui serait le seul vestige d'organisation qui rappellerait les acanthoptérygiens. Toutes leurs écailles sont fortes et granulées; leur ligne latérale ne s'interrompt point, et a seulement une légère courbure à son quart antérieur.

Les ophicéphales ont, comme les anabas et les osphromènes, au-dessus de leurs branchies de chaque côté une cavité divisée par des lames saillantes et propres à retenir l'eau; mais ces lames sont moins compliquées. The labyrinth of a O. striatus

L'élargissement de la tête est produit par les frontaux principaux et postérieurs, les pariétaux et les mastoïdiens, qui s'avancent pour former de chaque côté du crâne une voûte au-dessus de la cavité qui loge les branchies, et qui est fermée du côté extérieur par l'appareil temporal et ptérygoïdien et par les pièces operculaires. La branche supérieure de l'arceau e la première branchie (pleuréal supérieur), est dilatée en une grande lame formée de deux joints à angle obtus, et terminée dans haut en une tige grêle, qui, dans les autres poissons, forme un os particulier (le pharyngien antérieur) 3 : cette tige suspend la première branchie au mastoïdien de ce côté. Une grande lame verticale de la face interne de l'os que j'appelle temporal 4, se trouve placée en avant de cette lame de la première branchie, et c'est par les membranes qui joignent l'une à l'autre qu'est formé le sinus, beaucoup plus simple que dans l'anabas où l'eau peut être retenue. Le pleuréal de la seconde branchie est courbé de manière à ce que son extrémité supérieure va rejoindre le troisième pharyngien, qui luimême s'articule avec le quatrième, lequel est porté par les deux derniers pleuréaux. Le deuxième pharyngien est long et étroit, suspendu sous le deuxième pleuréal, dont il croise la direction; il n'a que de fines dents en velours: les deux derniers, réunis en une seule plaque, portent, au contraire, de grosses dents coniques et un peu crochues. Il y en a de pareilles sur le bord postérieur des deux pharyngiens inférieurs, dont le reste de la surface n'en a qu'en velours. Les lames ou plutôt les franges, qui forment l'organe branchial proprement dit, sont singulièrement grêles et courtes; il n'y a pas de demi-branchie attachée à l'opercule. L'estomac est un sac charnu assez long, à fond obtus, à parois intérieures trèsplissées. La branche qui conduit au pylore est voisine du cardia. Deux coecums seulement adhèrent au pylore, mais assez grands. L'intestin n'a que deux replis, et est mince. Le foie est divisé en deux lobes, dont le gauche est alongé.

Ainsi, les ophicéphales n'ont pas le canal intestinal aussi long et aussi enroulé que les polyacanthes, et surtout que le gourami ; mais leurs coecums sont en même nombre, et l'on peut remarquer que ce nombre est aussi celui de la plupart des muges.

Cette cavité, propre à tenir de l'eau en réserve, dont les ophicéphales sont pourvus, leur donne, comme aux anabas, la faculté de vivre long-temps à sec. Non-seulement on peut les transporter au loin; ils sortent eux-mêmes volontairement des marais ou des canaux où ils vivent, pour aller chercher d'autres eaux, et le peuple qui les rencontre ainsi sur la terre, se figure qu'ils sont tombés des nuages. Les jongleurs, dont l'Inde abonde, en ont tou jours avec eux pour divertir la populace, et les enfans mêmes s'amusent des mouvemens qu'ils leur font faire pour ramper sur le sol. Leur vie est si dure, qu'on leur arrache les entrailles et que l'on en coupe des morceaux sans les tuer d'abord, et sur les marchés l'on en vend ainsi des tranches aux consommateurs mais aussitôt qu'on en a assez enlevé pour que le poisson ne remue plus, ce qui reste perd beaucoup de son prix. 5

La chair des ophicéphales, sans avoir beaucoup de goût, est légère et de facile digestion; cependant les Indiens seuls les mangent: on n'en sert point sur les tables des Européens, peut-être à cause de leur ressemblance avec des reptiles. 6

Les espèces de ce genre se ressemblant beaucoup, il n'est pas étonnant que les noms de quelques-unes aient été donnés à d'autres, et qu'il y ait des confusions à cet égard dans les diverses provinces de l'Inde. Ainsi, d'après John, à Tranquebar une espèce porte le nom de karruvi, et l'autre celui de vral ou de varal. Le premier de ces, noms se retrouve dans celui de koravé ou korévé, que les ophicéphales portent à Pondichéry selon M. Leschenault, et même en partie dans celui de kora-motta, que Russel donne à l'un de ceux de Vizagapatam. M. Hamilton Buchanan nous apprend qu'au Bengale on le prononce gorayi, et qu'on le réserve aux jeunes individus d'une espèce dont l'adulte se nomme en bengali lata et en tamoule mota. Le second des noms de Tranquebar, vral ou varal, se retrouve dans celui de sowara, qui est aussi donné par Russel à une de ses espèces. Quant à mota, c'est le même nom que muttah, qui est usité à Vizagapatam, mais pour une autre espèce qu'au Bengale.

Au reste, il faudrait être beaucoup plus instruit que nous le sommes, des divers langages de l'Indostan, pour pouvoir apprécier la signification de tous ces noms, et même pour y distinguer ce qu'ils peuvent avoir de générique d'avec ce qui n'a rapport qu'à des épithètes ou à des qualifications d'espèces.

On pourrait diviser les ophicéphales d'après le nombre de leurs rayons dorsaux. Les uns, comme l' ophicephalus punctatus de Bloch, n'en ont que trente et quelques d'autres, comme son ophicephalus striatus, en ont quarante ou davantage; d'autres, enfin, que M. Buchanan a fait connaître, en ont plus de cinquante.

ToC

L'Ophicéphale karouvé

(Ophicephalus punctatus, Bl.7)

Parmi les espèces qui n'ont que trente et quelques rayons, se trouve la première qui ait été décrite, le karruvei de Tranquebar que Bloch (pl. 358) a nommé ophicephalus punctatus . Je le crois le même, ou bien peu s' en faut, que le koravé qui nous a été envoyé de Pondichéry, et que le gorayi ou lata du Bengale de M. Buchanan .

Cependant, pour mettre les naturalistes à même d'en juger, je décrirai d'abord les individus de Pondichéry et ceux du Bengale que j'ai sous les yeux, et je leur comparerai ensuite les descriptions de ces deux auteurs.

Ce koravé a le corps cylindrique à l'endroit des pectorales; plus en arrière il se comprime latéralement; sa tête est un peu déprimée horizontalement et aplatie en dessus. La région operculaire est légèrement bombée. Sa hauteur aux pectorales est six fois dans sa longueur, et il y est un peu plus large que haut; mais vers la queue son épaisseur ne fait que le tiers de sa hauteur. La longueur de sa tête est trois fois et demie dans sa longueur totale; la hauteur de sa tête en arrière fait moitié de sa longueur, et sa largeur a quelque chose de plus. Le contour horizontal de son museau est en demi-cercle; sa mâchoire inférieure avance un peu plus que la supérieure. La fente de sa bouche descend un peu en arrière, et prend le tiers environ de la longueur de la tête. L'oeil est au-dessus de la moitié postérieure de cette fente, par conséquent fort près du bout du museau. Son diamètre est du sixième de la longueur de la tête. Le sous-orbitaire est étroit et alongé. Il forme avec les os nasaux et le bout de l'ethmoïde un rebord contre lequel se placent les intermaxillaires dans la rétraction. Ces derniers os sont grêles et d'égale venue; leur protraction est peu considérable. Le maxillaire, très-peu élargi en arrière, se cache entièrement, quand la bouche se ferme, sous le sous-orbitaire et une des écailles de la joue. La mâchoire inférieure a ses branches presque horizontales. Les dents sont en velours sur une bande à chaque mâchoire, au chevron du vomer et à chaque palatin. Il y a de plus quatre ou cinq fortes canines pointues de chaque côté de la mâchoire inférieure. La langue est lisse, assez libre, épaisse et un peu pointue. L'orifice antérieur de la narine est de chaque côté dans une échancrure du rebord dont nous avons parlé, ou en d'autres termes, dans le sillon qui est entre l'intermaxillaire d'une part, et le nasal et le sous-orbitaire de l'autre; A est garni d'un petit tentacule charnu. L'autre orifice est tout près du bord antérieur et supérieur de l'oeil; le contour du préopercule est arrondi; l'opercule se termine en angle assez obtus. Les interopercules dans l'état de repos se rapprochent l'un de l'autre sous la gorge, plus que les branches de la mâchoire inférieure, derrière lesquelles ils sont situés. Les membranes branchiostèges se réunissent sous la gorge et y embrassent l'isthme. Elles ont chacune cinq rayons; en les soulevant un peu, l'on aperçoit la triple valvule formée de chaque côté par une lame osseuse du crâne, par celle qui tient au premier arceau des branchies, et par un repli de la peau du pharynx. Toutes les parties de la tête, les mâchoires et la membrane des ouïes exceptées, sont couvertes d'écailles dures comme celles du corps; celles du dessus de la tête sont diversement anguleuses. L'épaule n'a aucune armure particulière, tout y est écailleux comme sur le reste du corps. La pectorale, quand on l'étend, est ronde et a seize rayons grêles et articulés. Sa longueur est cinq fois et deux tiers dans celle du poisson. Les ventrales, attachées très-près l'une de l'autre, et un peu plus en arrière que les pectorales, sont moins longues d'un quart, en sorte qu'elles ne se portent pas aussi loin. Leur épine est très-grêle, et n'a que moitié de leur longueur. La dorsale commence à peu près vis-à-vis l'insertion des ventrales, et règne jusque très-près de la caudale; l'intervalle entre ces deux nageoires n'étant que du quinzième de la longueur du poisson, et de moitié de la hauteur à son endroit. Les rayons de la dorsale, au nombre de trente-un, et à peu près égaux, sont tous branchus et articulés. Leur hauteur commune est à peu près de moitié de la hauteur du poisson aux pectorales. L'anale commence sous le tiers antérieur de la dorsale, et finit un peu plus tôt qu'elle. On lui compte vingt rayons semblables à ceux de la dorsale. La caudale est arrondie et n'a que seize rayons, même en comptant les petits de sa base. Sa Iongueur est d'un peu moins du sixième de la longueur totale.

B. 5; D. 31; A. 20; C. 16; P. 16; V. 1/5

Les écailles sont fortes et grandes; on n'en compte que quarante de l'ouïe à la caudale, et treize ou quatorze sur une ligne verticale. Elles ont un quart de plus en longueur qu'en largeur, sont coupées carrément en arrière, et en demicercle en avant. Deux diagonales les divisent en quatre triangles. Celui qui se voit extérieurement est strié en longueur par des séries un peu convergentes et serrées de points enfoncés. Les latéraux ont de très-fines stries longitudinales, qui ne se voient qu'à la loupe. Le postérieur ou réventail a aussi des stries longitudinales, mais plus fortes, au nombre de quinze ou seize. La ligne latérale est presque droite; à peine a-t-elle une légère inflexion derrière la pectorale. Sa partie antérieure est au tiers de sa hauteur; la postérieure à moitié elle se marque par une légère élevure longue et étroite sur chaque écaille.

Le koravé sur la tête des pores très-marqués; on en voit deux sur le devant du museau, trois un peu en arrière des yeux, trois sur une ligne verticale le long de chaque préopercule, et trois gros sous chaque branche de la mâchoire inférieure. C'est un rapport marqué que les ophicéphales offrent avec les anabas.

Dans la liqueur sa couleur est sur le dos et les côtés un gris verdâtre, sombre, et en dessous un blanc grisâtre. De larges bandes nuageuses noirâtres, au nombre de huit, descendent obliquement en avant jusqu'à la ligne latérale, et se continuent au-dessous, mais en reculant un peu. Ses nageoires verticales sont grises, avec des lignes de points noirâtres entre les rayons, et l'anale a de plus un liséré blanc, étroit, produit surtout par les extrémités des rayons. Les pectorales sont grises, les ventrales blanchâtres et sans taches.

Tel est l'individu que nous avons reçu de Pondichéry. Je n'y vois pas de points.

Sa longueur est de six pouces.

Les individus apportés par M. Raynaud des étangs de Calcutta, semblables d'ailleurs à ce lui-là,

ont les taches du dos et des flancs plus marquées; l'un d'eux a sur chacune des écailles du ventre, et même des côtés, un point ou une petite ligne noirâtre, ce qui lui en forme cinq ou six séries. On lui voit aussi sur la tempe une bande longitudinale noirâtre nuageuse, et une autre sur la joue. Les taches noires de sa dorsale et de son anale forment des séries plus prononcées; mais les autres individus, pris en même temps, ont les points du ventre et les bandes de la tête presque effacées, ou même en manquent tout-à-fait. ils n'ont que vingt-neuf rayons à la dorsale.

Un individu un peu plus grand, pris dans l'Iraouadi,le grand fleuve des Birmans, manque aussi de points, et a trente-deux rayons à la dorsale;

M. Bélenger en a pris dans la rivière de Mahé qui, s'ils appartiennent à la même espèce, y forment au moins une variété prononcée.

Tout leur dos paraît uniformément d'un brun noirâtre, qui s'affaiblit vers le ventre, sans y former de taches. le ventre même ne montre pas de points. Les nageoires verticales sont brunes, en sorte que les lignes de points noirs y paraissent moins.

D. 30; A. 20., etc.

On les nomme au Malabar caddel-caddoun .

Bloch pourrait avoir vu une variété assez semblable; il ne lui marque pas de bandes sur le corps, et enlumine son dos et ses flancs d'un noirâtre uniforme; le fond de la couleur des nageoires est brun; mais il séme son ventre, ses opercules et les côtés de sa dorsale de petits points noirs; A donne pour nombres de rayons

B. 5; D. 31; A. 23; C. 14; P. 16; V. 6.

M. Buchanan donne au sien , dans l'âge adulte, des points noirs et des bandes noirâtres, mais ces dernières dans la partie postérieure et jusqu'à la ligne latérale seulement. Dans le jeune les bandes descendent au-dessous de la ligne; mais il n'y a pas de points. Tous les deux ont une bande longitudinale, qui régne depuis l'oeil jusques au-dessus de la pectorale.

D. 30; A. 20.; C. 12, P. 16; V. 6.

Nous trouvons précisément ces nombres à six individus rapportés des étangs de Calcutta par M. Dussumier. Trois d'entre eux, longs de six pouces, ont des bandes sans points, comme l'indique Buchanan: les autres, longs de neuf, ne montrent plus de bandes; mais on ne leur voit pas encore les points qui doivent exister sur les adultes.

M. Leschenault dit que l'espèce du karouvé habite en abondance les rivières et les étangs d'eau douce des environs de Pondichéry, qu'elle parvient à une longueur de dix-huit pouces et qu'elle est bonne à manger.

Selon John, cité par Bloch, ce poisson est commun dans les rivières et les lacs de la côte de Coromandel; dans la saison des pluies, tous les étangs, les ruisseaux et les canaux en fourmillent. Au mois de Juillet il retourne dans les lacs pour y frayer. Sa chair passe pour très-saine.

M. Buchanan nous apprend qu'au Bengàle les jeunes individus seuls s'appellent du nom de gorayi, qui est le même que celui de kouravei un peu autrement prononcé; mais que les adultes s'y nomment lata et qu'en tamoule ils portent lé nom générique de mota . Il ajoute, que l'on trouve cette espéce dans les étangs de toutes les parties de l'Inde qu'il a parcourues, qu'elle n'excède pas un pied de longueur, et qu'elle passe pour inférieure au sola comme aliment.

On a vu qu'il y en a des variétés dans les eaux du Malabar et du Pégu, ou qu'il s'y trouve du moins des espèces infiniment voisines.

ToC

L'Ophicéphale bordeé

(Ophicephalus marginatus, nob.; Ophicephalus gachua, Buchan.?8)

Avec l'ophicéphale précédent, et sous ce même nom de koravé, M. Leschenault nous en a envoyé un autre fort semblable, et qu'il est naturel de confondre avec lui, comme il paraît qu'on le fait à Pondichéry.

Il a quelques rayons de plus à la dorsale (trentequatre). Sa tête est plus courte, plus large et plus arrondie en avant. Les filamens de ses narines sont plus longs. On ne lui voit guère distinctement de pores que ceux de la mâchoire inférieure, qui sont très-petits. Toutes ses dents sont fines et sans canines. Sa teinte générale parait un brun roussâtre, un peu plus pâle en dessous. La base de chaque écaille est un peu plus foncée. La dorsale et l'anale sont d'un brun noirâtre un peu bleuâtre, avec un petit liséré qui parait blanc. La pectorale a à sa base une tache, roux-brun, suivie de deux lignes transverses brunes; le reste de son étendue est gris. Les ventrales sont très-petites, blanchâtres, teintes de brunâtre. La caudale est brune ou noirâtre, avec des lignes transverses plus noires, mal marquées près de sa base; son bord est blanc ou blanchâtre.

D. 34; A. de 21 à 23; P. 14; V. 6; C. 12.

Nos individus n'ont que cinq à six poucés

MM. Kuhl et Van Hasselt ont trouvé dans les eaux douces de Buytenzorg, près de Batavia, des ophicéphales très-semblables à ce deuxième horavé,

avec les mêmes taches et les mêmes lignes sur la base de la pectorale, mais dont la caudale a huit ou neuf lignes brunes en travers; son bord parait blanc, ainsi que celui de la dorsale et de l'anale. Il y a quelque inégalité ou des apparences de bandes,. mais légères, sur le dos.

D. 34; A. 22, etc.

D'après le dessin colorié qu'ils en ont fait sur le frais, le dos serait verdâtre; les flancs et le ventre blanchâtres; la caudale jaunâtre et bordée, ainsi que la dorsale et l'anale, d'un beau rouge aurore.
Drawing of O. limbatusDrawing of Ophicephalus limbatus. The description of this species by Cuvier is not known. Cuvier only published this drawing. Both species, O. limbatus and O. marginatus, are the same species whose today's valid scientific name is Channa gachua. See Footnote for further reference.

Les individus sont longs de six et sept pouces.

Il nous paraît que c'est cette variété que M. Buchanan a représentée ( pl. 21, fig. 21 ) et décrite ( p. 68 ) sous le nom d' ophicephalus gachua au moins sa description s'en rapproche-t-elle extrêmement. Cet observateur la caractérise

par environ trente-six rayons à la dorsale, et par des bandes irrégulières et obscures en travers du dos. La teinte du dos est d'un brun verdâtre; celle du ventre d'un blanc sale. Les nageoires verticales sont d'un brun verdâtre, bordées de noir et lisérées de blanc, ou à l'anale et à la caudale de rougeâtre; sur la pectorale sont plusieurs lignes de taches bleuâtres.

D. environ 36; A. 22; C. 12; P. 15; V. 5 (l'auteur néglige le premier rayon, qui en effet est d'une petitesse excessive).

M. Buchanan ajoute que ce gachua arrive quelquefois à un pied de longueur, mais que rarement il excède un empan. Il est très-commun dans les étangs et les fossés du Bengale, et c'est une des espèces sur lesquelles l'idée qu'elles tombent avec la pluie est le plus répandue parmi le peuple. En effet, dès les premières grosses pluies de la mauvaise saison, on en voit qui rampent dans l'herbe; mais notre naturaliste pense que cette habitude tient seulement à ce que, fatigué de l'eau bourbeuse et corrompue à laquelle il est réduit à la fin de la saison sèche dans les fossés étroits qu'il habite, les premières pluies qui mouil lent l'herbe des environs, l'attirent aussitôt hors de ces tristes réceptacles pour chercher une eau pure, de l'espace et une nourriture plus fraîche.

ToC

L'Ophicéphale cora-mota

( Ophicephalus cora-mota, nob. 1 )

Ce doit encore être un poisson très-semblable, sinon le même, que le kora-motta de Russel (t. II, p. 49).

Il n'est long que de six pouces. Son dos est teint d'un pourpre obscur. Sa poitrine est bleuâtre, son abdomen gris sale. La dorsale et l'anale ont la même couleur que les parties adjacentes; mais en arrière la dorsale prend un orangé foncé. La pectorale est rayée en travers de noir et de jaune; les pointes des rayons de la caudale sont marquées de jaune. Selon le texte il n'aurait que douze rayons à la pectorale.

B. 5; D. 36; A. 23; C. 14; P. 12; V. 5.

ToC

L'Ophiceéphale brun

( Ophicephalus fuscus, nob. 10)

M. Duvaucel avait encore recueilli au Bengale un ophicéphale fort semblable au gachua a la couleur près,

et dont la tête et les joues sont seulement un peu plus renflées. Il est entièrement d'un brun verdâtre foncé, et a trente-cinq ou trente-six rayons à la dorsale sale et vingt-deux à l'anale. On lui voit des traces, de lignes transversales sur la base de la pectorale. On n'aperçoit aucun liséré à ses nageoires.

M. Bélenger en a rapporté du mème pays de nombreux individus. M. Dussumier en a aussi trouvé dans le Maissour. Aucun ne passe six pouces.

ToC

L'Ophicéphale orangé

(Ophicephalus aurantiacus, Buchan.)

M. Buchanan a un ophicephalus aurantiacus trouvé dans un ruisseau d'eau pure près de Gayalpara, et que les pêcheurs nommaient aussi gachua. Il lui attribue trente-quatre rayons dorsaux et une couleur uniformément orangée sur tout le corps. Il doit être extraordinairement semblable à notre marginatus de Pondichéry. La figure marque même une tache à la base de la pectorale, comme celle que nous avons décrite.

Le squelette de ces ophicéphales à trente et quelques rayons dorsaux a soixante ou soixante et une vertèbres. La cavité abdominale se prolonge en arrière sur l'anale, et entre des espèces de côtes, jusque très-près de la vertèbre dilatée qui porte la caudale, en sorte qu'il est difficile de dire où commence la vraie queue dans le squelette. Le dessus de la tête est plat comme dans les muges. Leurs côtes ont des appendices. On pourrait les ranger parmi les abdominaux, dans ce sens que les deux pièces de leur bassin, ou les os qui portent leurs ventrales, ne sont point unies entre elles, ni immédiatement attachées au cercle des os de l'épaule, mais suspendues dans les chairs.

ToC

L'Ophicéphale tête-de-brochet

(Ophicephalus lucius, K. et V. H.)

Un ophicéphale découvert à Java par nos runes naturalistes, et nommé par eux ophicephalus lucius se distingue

par l'aplatissement un peu concave de son front. Son museau est aussi plus pointu que dans les autres. Les dents sont en fort velours à la mâchoire supérieure, et il y en a de grosses coniques et pointues aux palatins et au vomer. La mâchoire inférieure a vers le bout une brosse de dents en velours, et sur le bord interne de l'os une rangée de dents fortes, grosses, coniques et pointues, comme celles des palatins et du vomer. Le nombre de ses rayons dorsaux est un peu supérieur aux précédens.

D. 39; A. 27 C. 13; P. 17; V. 6.

La couleur est d'un gris pâle sous le ventre, et nuagée de brun sur le dos et sur les flancs. Le front est presque noir, avec des points noirs irrégulièrement distribués; il y en a aussi quelques-uns sur le corps. On voit des lignes brunâtres en travers sur la pectorale et sur la caudale; plusieurs bandes obliques mal marquées sur la dorsale, et deux longitudinales sur l'anale. On aperçoit aussi une ligne brune allant de l'oeil au bord du préopercule, et une tache, brune sur le haut de l'opercule; mais toutes ces parties, plus foncées, sont plus ou moins nuageuses.

L'individu qui est au Cabinet de Leyde na que neuf pouces de longueur.

Le Cabinet du Roi en possédait depuis long-temps un de la mer des Indes, que nous avons reconnu pour appartenir à la même espèce. Il est long de six pouces seulement.

ToC

L'Ophicéphale strié

( Ophicephalus striatus, Bl., pl. 359? )

C'est parmi les espèces a quarante et quelques rayons que se rangent les ophicéphales qui paraissent les plus répandus, et dont, nous avons de deux sortes qui, bien qu'un peu différentes par le nombre des rayons, se ressemblent tellement par les tormes et même par l'ensemble des couleurs, que nous hésiterions à les séparer comme espèces.
Drawing of O. striatustable 220: Drawing of O. striatus in full color. A schematic drawing of its head shields which was meant as a feature to recognize a species.

Les premiers ont (le quarante à quarante-deux rayons à la dorsale, et les autres quarante-quatre ou quarante-cinq.

Dans les uns et dans les autres la tête est déprimée, arrondie en avant; des pores ou des impressions, quelquefois d'apparence étoilée, se voient en différens endroits de la tête; deux près du bord antérieur du museau, deux entre les yeux, trois un peu plus en arrière, six formant sur la nuque un demi-cercle convexe en avant. Le long du bord du préopercule il y a trois groupes de très-petits pores, et l'on en voit autant sous chaque branche de la mâchoire inférieure. Les filamens des narines sont beaucoup plus petits que dans les espèces à trente-quatre ou trente-six rayons. La mâchoire inférieure est un peu plus avancée que l'autre. Des dents en cardes garnissent toute la mâchoire supérieure, le milieu de l'inférieure, un chevron sur le devant du vomer, et une bande à chaque palatin; il y en a quelques-unes d'un peu plus grandes au milieu du rang de derrière à la mâchoire supérieure, et de celui de devant à l'inférieure. Mais on voit de chaque côté de celle-ci trois, quatre et même cinq fortes canines, qui arment seules cette partie de la mâchoire. Toutes les écailles sont finement chagrinées dans leur partie externe, mais non ciliées; elles sont disposées fort régulièrement: on en compte près de soixante sur une ligne entre l'ouï et la caudale, et dix-huit ou vingt sur une ligne verticale ou plutôt sur une demi-circonférence. Leur contour est à l'extérieur en demi-cercle dans celles du dos, un peu en ogive dans celles du ventre, élargi et rectiligne à la racine, et un peu plus long que g in large. La partie visible a des séries de points enfoncés un peu convergentes, Leur troncature radicale est parfaite et sans crénelure; , mais il y a jusqu'à vingt-cinq stries en éventail, et à la loupe les parties latérales sont striées beaucoup plus finement.

D. 40, 41 et 44 ou 45; A. 26 ou 27; C. 14; P. 15; V. 1/5.

Dans la liqueur le dessus du corps parait d'un gris-brun plus ou moins noirâtre ou verdâtre, et le dessous d'un blanchâtre un peu rosé; le brun descend jusqu'au-dessous de la ligne latérale, et donne encore à peu près de trois en trois écailles des lignes irrégulières qui descendent plus bas dans le blanc, en se portant obliquement en arrière, et en s'interrompant diversement. Ces productions descendantes sont plus ou moins nuageuses dans quelques individus; il y a aussi quelquefois sur le brun du dos des bandes transverses plus noirâtres et mal marquées. La dorsale et l'anale s'élèvent un peu, en arrière, et se terminent chacune par un angle arrondi. Dans certains individus, et cela quel que soit le nombre des rayons, le fond de leur couleur est d'un brun uniforme; dans d'autres on y voit des lignes brunes obliques dans deux sens opposés celles de la dorsale se portant en avant en montant, et celles de l'anale en descendant; le fond de la couleur de l'anale est plus blanc qu'à la dorsale; la caudale est aussi tantôt d'un brun uniforme, tantôt marquée de lignes verticales plus brunes; les ventrales sont blanchâtres, avec des traces de lignes transversales grises; les pectorales paraissent généralement un gris uniforme.

Le foie de ces ophicéphales est petit, composé de deux lobes à peu près égaux: celui de gauche est le plus gros, et divisé en deux lobules pointus. L'oesophage est court, large, et se rétrécit en un petit estomac conique et pointu, dont l'extrémité n'atteint pas au tiers de la longueur de la cavité abdominale. L'intestin est grêle, long, droit, replié deux fois sur lui-même. Il n'y a que deux appendices coecales grêles, celle de droite est du double plus longue que l'autre. Les laitances sont longues, cylindriques, d'un diamètre médiocre.

La vessie natatoire est très-grande, quoique d'un diamètre étroit, parce qu'elle se prolonge dans les muscles de la queue au-dessus des rayons de l'anale jusqu'auprès de la caudale. Les reins sont longs, grêles et séparés jusqu'à la hauteur de la pointe de l'estomac. Plus en avant ils se réunissent en un seul lobe.

Leur squelette a del cinquante-trois à cinquante cinq vertèbres, y compris celle qui est élargie pour porter la caudale. L'anale commence sous la vingt-deuxième; mais ce n'est pas là que se termine à beaucoup près la cavité abdominale. Les vertèbres qui suivent continuent de porter des côtes, une de chaque côté, et manquent d'apophyses épineuses inférieures, en sorte que la vessie natatoire se porte jusque sous l'extrémité de la queue. Les douze ou quatorze premières côtes sont plus longues que les autres, arquées, presque horizontales, et munies chacune à leur base d'un appendice: ensuite il en vient de beau coup plus courtes; mais sur la plus grande partie de l'anale elles sont grêles, simples, et embrassent les cô tés de la cavité qui règne dans l'intérieur delà queue, Les quatre dernières vertèbres ont seules des apophyses épineuses inférieures, et la dernière de toutes, celle qui porte la caudale, a son éventail composé de six rayons comprimés, dilatés, et qui demeurent plus distincts que dans le grand nombre des poissons.

Nous avons reçu de ces ophicephales de presque toutes les parties de l'Inde.

Des individus à quarante, à quarante-deux rayons dorsaux, nous sont venus de Pondichéry par M. Leschenault, et du Malabar par M. Bélenger et M. Dussumier. On les trouve dans la rivière de Mahé; mais on dit qu'ils vont aussi à la mer. Ils y portent le nom de caitchel, qui appartient également aux autres espèces du genre. Les teintes dans le frais en sont décrites comme verdâtres sur le dos, blanches sous le ventre et jaunes aux ventrales. M. Dussumier en a rapporté de fort beaux du Maissour, où ils vivent dans les puits.

M. Dussumier en a rapporté de fort beaux du Maissour, où ils vivent dans les puits.

MM. Quoy et Gaimard en ont eu du lac d'eau douce de Tondano, dans l'île de Célèbes, situé à deux mille pieds au-dessus du niveau de la mer, et qui est séparé des parties inférieures des rivières par une cascade de quatre vingts pieds de hauteur. D'après la figure qu'ils en ont faite sur le frais, le dos est noirâtre, et il y a du jaunâtre à la base des pectorales et des ventrales, et autour du museau. De très jeunes individus, pris dans le même lac, ont, le long de chaque côté, une bande d'un jaune d'orpin. L'espèce y parvient à une longueur de deux pieds.

M. de Mertens en a trouvé à Manille, où on les nomme bakule.

Les individus à quarante-quatre et à quarante-cinq rayons dorsaux ont 'été apportés de Pondichéry par MM. Sonnerat et Raynaud, de la rivière d'Ougli et des étangs d'auprès de Calcutta par MM. Duvaucel, Raynaud et Bélenger, et de l'Iraouadi, la grande rivière du pays des Birmanes, par M. Raynaud. On les nomme a Rangoon na-pino .

L'ophicephalus striatus, ou varal de Tranquebar de Bloch (pl. 359), présente assez exactement les couleurs de ceux que nous venons de décrire, avec les nageoires barrées ou tachetées de noir, et le nombre de ses rayons dorsaux semble même lier ensemble les deux nombres extrêmes que nous avons observés, puisqu'il est intermédiaire (43). Aussi croyons-nous devoir le rapporter aux ophicéphales du présent article, bien que les dents soient mal rendues dans cette figure,

C'est au contraire d'après les dents que nous y rapportons le muttah de Russel (pl. 162), quoique cette figure ne marque pas les lignes de la dorsale et de l'anale; elle lui donne quarante-cinq rayons dorsaux.

M. Russel est du même avis que nous sur l'identité de son muttah avec le varal de Bloch; mais M. Buchanan croit retrouver ce varal dans le sola, dont nous parlerons bientôt d'après lui. En conséquence il produit le muttah comme une espèce nouvelle, qu'il nomme ophicephalus chena, d'après le nom qu'elle porte au Bengale. Le caractère de cette espèce consisterait, selon lui, dans le brun verdure de son corps, sans taches ni bandes sur les nageoires; c'est, comme on voit, notre variété à nageoires uniformément brunes.

Le sol ou sola du Bengale, dans lequel M. Buchanan ( pl. 31, fig, 17, et p. 61 ) croit plutôt retrouver le varal de Bloch, que dans le chena ou muttah dont nous venons de parler, le sola, disons-nous, ressemble beaucoup à ce chena ou muttah leurs tailles, les nombres de leurs rayons, sont pareils, et même M. Buchanan ne les aurait pas distingués, si les pêcheurs de Goyalpara, sur le Bourampouter, ne lui eussent fait connaître la différence de ces deux espèces, qui sont l'une et l'autre très-communes dans leur canton.

Le sola a tout le dessus du corps d'un vert brunâtre, varié de bandes obliques et irrégulières noires; les flancs au-dessous de la ligne latérale ont des bandes brunes et jaunes, et le dessous est blanc. La partie postérieure de la dorsale et de l'anale est jaunâtre, avec plusieurs petites taches noires entre les rayons.

Ce sola, ajoute M. Buchanan, est répandu dans les étangs et les rivières de toutes les parties de l'Inde que ce naturaliste a parcourues. Il est évident que c'est notre variété à nageoires barrées. Ainsi les pécheurs du Bengale distingueraient ces ophicéphales d'après la couleur, et non d'après les nombres des rayons.

On sent que ce n'est pas en Europe que nous pouvons décider si ces légères différences tiennent à l'espèce, ou si elles ne sont que des variétés produites par le climat, la nature des eaux et d'autres circonstances accidentelles. Ce qui est certain, c'est que dans nos cyprins il est plusieurs espèces bien reconnues pour telles qui ne diffèrent guère davantage.

Selon les notes transmises à Bloch par le missionnaire John, le varal atteint deux pieds de longueur et la grosseur du bras; il se tient dans la vase des lacs et des étangs, et ne se prend, point avec des filets, mais avec, des bires d'osier tordu, en forme de cônes, hauts de deux pieds, larges par le bas d'un pied et demi, et ne laissant dans le haut qu'une ouverture à passer le bras. On enfonce cette machine sur divers points, jusqu'à ce qu'on sente qu'il y a un poisson de pris.

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L'Ophicéphale aplatie

(Ophicephalus planiceps, K. et V. H.)

Il y a jusque dans l'île de Java un ophicéphale extrêmement ressemblant aux précédens, surtout par les dents latérales d'en bas. Sa différence la plus sensible consiste dans une autre disposition dans les rugosités des écailles.

MM. Kuhl et Van Hasselt envoyé au Musée royal des Pays-Bas sous le nom d' ophicephalus planiceps, et nous l'avons reconnu au Cabinet du Roi, dans un individu de la mer des Indes, que l'on confondait auparavant avec le varal.

Sa tête est un peu plus longue et surtout plus plate en dessus, d'ailleurs sa forme est pareille. Ses dents sont de même en cardes à la mâchoire supérieure, aux palatins et au vomer, où quelques-unes dépassent un peu les autres; à la mâchoire inférieure elles sont aussi en cardes en avant, plus fines et plus égales qu'à la mâchoire supérieure, puis de chaque coté il y en a trois ou quatre fortes en crochets. La langue est lisse libre, et en ovale un peu pointu. De grandes écailles couvrent la tête et les joues; celles du corps sont médiocres, à surface très-striée par des chevrons qui s'embrassent parallèlement, ou par des lignes obliques et convergentes vers la ligne moyenne.

La couleur est plombée en dessus, blanche en dessous. Deux ou trois bandes nuageuses s'étendent sur le blanc des flancs. La dorsale est grise, tachetée obliquement de lignes de points noirâtres. L'anale a les mêmes lignes, et est en outre bordée de noirâtre. La caudale est arrondie et grise, avec des lignes verticales de points noirâtres. Les pectorales sont grises, les ventrales blanches; les unes et les autres sans lignes et sans taches. On voit trois groupes de petits pores sur chaque branche de la mâchoire inférieure, et trois sur le bord du préopercule. Il y a de gros pores sur les joues.

D. 41; A. 25; C. 13; P. 14; V. 1/5.

L'individu sec du Cabinet de Leyde a plus de quinze pouces.

Nous en avons un petit dans la liqueur dont les teintes sont un peu plus roussâtres, et un autre sec qui parait teint de jaunâtre.

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L'Ophicéphale sowara

(Ophicephalus sowara, nob.)

Un ophicéphale encore pareil aux précédens pour la plupart des caractères, et notamment pour le nombre des rayons, mais qui paraît avoir des dents un peu différentes, a été décrit et représenté par Russel ( pl. 163). Il le prend pour l' ophicephalus punctatus de Bloch ce qui évidemment ne peut être, puisque le punctatus n'a que trente-un rayons dorsaux. Le nom qu'on lui donne à Vizagapatam, où l'on parle talinga, est sowara; et nous croyons y retrouver le même son que dans celui de varal, que les Tamoules de Tranquebar donnent au striatus.

Son corps, dit cet auteur, est plus oblong qu'au mullah, plus rond en avant; ses écailles sont lus larges, plus orbiculaires, et, si l'on excepte celles ventre, elles ont toutes un amas de petits points noirs sur leur base. Les écailles du dessus de la tête ressemblent davantage à celles du dos. Les dents du bord de la mâchoire sont plus nombreuses, les petits tubes des narines moins apparens, les pectorales et la caudale plus pointues, les ventrales plus obtuses, le fond de la couleur du dos d'un brun verdâtre moins obscur; elle ne prend sur le blanc du dessous que par des dentelures. La couleur des pectorales et des ventrales est d'un blanc jaunâtre; celle des autres nageoires d'un verdâtre plus clair que celui du dos.

B. 5; D. 45; A. 26; C. 14; P. 17; V. 6.

D'après cette description, cet ophicéphale, que nous n'avons pas vu, doit former une espèce distincte. M. Russel l'avait reçu en vie au mois de Juillet du lac d'Ancapilly, qui est a quelques lieues de Vizagapatam, dans l'intérieur des terres. L'individu était long de dix-huit pouces anglais.

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L'Ophicéphale a petites plaques

(Ophicephalus micropeltes, K. et V. H.)

Parmi les ophicéphales de Java que le Musée royal des Pays-Bas a reçus de MM. Kuhl et Van Hasselt, il en est un qui doit se placer ici, et que ces deux jeunes et malhèureux naturalistes avaient nommé ophicephalus micropeltes .

C'ette espèce est en effet remarquable par la petitesse des plaques qui couvrent le dessus de sa tête. Sa hauteur est presque le sixième de la longueur; et la tête en fait le quart. Le dessus de la tête est plat, couvert de petites écailles en forme d'écussons striés, qui s'étendent aussi aux pièces operculaires. L'oeil est petit, son diamètre n'est que le huitième de la longueur de la tête. La bouche est fendue bien au-delà de l'oeil, et à plus du tiers de la longueur de la tête. Les dents à la mâchoire supérieure sont toutes en cardes fortes; celles de la mâchoire inférieure sont aussi en cardes. En avant et sur le bord interne de l'os il y a plusieurs grosses dents pointues, un peu aplaties et inégalement espacées. Les dents palatines sont de même très-grandes, très-grosses, pointues, inégalement espacées, et entre elles il y a une suite de petites dents coniques et pointues. Cette circonstance établit un rapport entre l'espèce actuelle et celle du lucius dont nous parlons ci-dessus ( p. 413 ). La dorsale n'a guère que le quart de la hauteur du corps, et l'anale en a un peu moins. La caudale est arrondie et de grandeur médiocre.

Les écailles sont petites , fortes, bien enchâssées dans la peau, et rugueuses à la surface. Il y en a quatre-vingt-dix dans la longueur et vingt-deux dans la hauteur.

D. 44; A. 27; C. 13; P. 18; V. 1/5.

Ce poisson a le dos brun et le ventre blanc, mais ses côtés sont noirs; ce noir s'étend un peu par de marbrures sur le brun du dos et sur le blanc du ventre. La tête est noire dessus et blanche dessous. La dorsale est brune, avec une bande noire près de sa base; l'anale est noire, avec une ligne blanchâtre à sa base et un trait blanc le long de son bord libre. La pectorale est noirâtre - la ventrale blanche; la caudale noirâtre, un peu marbrée de blanc jaunâtre.

Cette espèce est celle dont nous avons vu les plus grands individus. Il y en a un de vingt-six pouces au cabinet de Leyde.

Un individu plus jeune est rayé longitudinalement de lignes brunes sur un fond brun chocolat; le ventre est toujours blanc, et la bande brune de la dorsale y paraît également, comme dans l'adulte. Les dents y présentent aussi leur caractère, ainsi que les petites plaques de la tête.

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L'Ophicéphale serpentin

(Ophicephalus serpentinus11, nob.)

M. Valenciennes a copié à Londres, dans la Bibliothèque de la Compagnie des Indes, la figure d'un bel ophicéphale, faite à Siam par le docteur Finlayson, et qui paraît représenter une espèce particulière.

Le dos en est noir, et le ventre jaunâtre; dans le noir règne de chaque côté une large ligne serpentante d'un gris bleuâtre, qui commence immédiatement derrière l'oeil, et, se change vers l'arrière en quelques traits verticaux.

D. 44; A. 26; C. 14; P. 16; V. 1/5

L'individu est long de seize pouces.

Nous passons enfin aux ophicéphales à cinquante rayons dorsaux et plus. M. Buchanan est jusqu'à présent le seul qui les ait fait connaître pour ce qu'ils sont; cependant il y en avait une espèce indiquée auparavant, mais sous un nom et à une place où l on n'aurait pas été tenté de ha chercher.

Nous voulons parler du bostrichoïde oeillé, que M. de Lacépède (t.III, p. 144 et 145) a décrit d'après un dessin chinois (gravé t. II, pl. 14, fig. 3), et dont il a fait ce genre particulier des bostrichoïdes . Depuis longtemps ce dessin nous avait paru être celui d'un ophicéphale, d'après la forme générale du poisson, la longueur de sa nageoire dorsale, les écailles qui recouvrent le dessus de sa tête, et les petits tubes de ses narines, que M. de Lacépède a pris pour des barbillons. Nous avons vu avec plaisir notre conjecture confirmée, en trouvant dans l'ouvrage de M. Buchanan, sous le nom d' ophicephalus marulius, une description et une figure qui correspondent en beaucoup de points à ce dessin chinois, et en recevant ce marulius lui-même par M. Bélenger.

Mais tout nouvellement M. Dussumier nous a rapporté une espèce qui doit être mise en tête de cette section. C'est

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L'Ophicéphale noiratre

(Ophicephalus nigricans, nob.)

Un peu plus grêle que plusieurs autres, son diamètre aux pectorales est neuf fois dans sa longueur, Sa tête a deux fois ce diamètre en longueur. Son oeil est moins avancé, sa gueule plus fendue, ses tubes des narines plus alongés qu'à la plupart des espèces voisines. Parmi les dents en velours de ses palatins et de sa mâchoire inférieure il y en a une rangée de plus fortes, et parmi celles du devant du vomer il s'en trouve cinq ou six, grosses et coniques, mais non crochues et peu aiguës. Il n'a de pores bien apparens qu'au nombre de deux ou trois au bord du préopercule.

D. 50; A. 34 C. 16; P. 14; V. 1/5.

Tout ce poisson est d'un brun-noirâtre foncé, un peu plus pâle vers le bas. A peine voit-on quelques bandes plus foncées en chevrons vers le bout de la queue et quelques points plus noirs sur la mâchoire inférieure. La dorsale et la caudale sont d'un noir uniforme. Les pectorales ont quantité de petites taches transparentes entre les rayons. Il y en a, mais beaucoup moins marquées, sur l'anale. Les ventrales sont grises.

Sa longueur est de neuf pouces.

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L'Ophicéphale marule

( Ophicephalus marulius, Buchan., p. 65, et pl. 17, fig. 19 )

M. Buchanan a observé ce beau poisson dans les étangs et les rivières de toutes les parties de l'Indostan, et même dans les endroits où la marée arrive; mais jamais dans la mer même, ni dans les étangs d'eau salée. On en voit de trois pieds de longueur. Il règne a son sujet dans le Bas-Bengale une superstition singulière. Les Indous dévots croient que ce serait s'exposer à quelque malheur de dire s'il est bon ou s'il est mauvais, et cependant en définitive on le trouve moins bon que le sola .

M. Bélenger nous a envoyé en 1828 ce poisson du Bengale, et nous a mis à même d'en rectifier et d'en compléter la description.

Sa tête est un peu plus étroite que dans plusieurs autres. Ses dents sont en velours partout, et il y en a cinq ou six d'un peu plus fortes de chaque côté de la mâchoire inférieure; la plaque de celles qui adhèrent au vomer est en triangle équilatéral. Il a cinq rayons aux ouïes quoique M. Buchanan ne lui en, donne que quatre. Nous lui comptons:

D. 56; A. 36;

et M. Buchanan seulement:

D. de, 52 à 54; A. 31 à 35.

Notre individu est long d'un pied.

Selon M. Buchanan, l'adulte frais est verdâtre, et a quelques bandes obliques irrégulières en travers du dos, qui se terminent sous la ligne latérale par de grandes taches irrégulières noirâtres. Le dessous du corps est blanchâtre. Des points blancs sont semés sur les flancs et sur les nageoires verticales. A la racîne de celle de la queue et près de son bord supérieur est une tache ronde et noire, entourée d'un cercle blanc.

Notre individu, dans la liqueur, répond encore assez à cetté description; les bandes du dos y sont fort effacées; les taches du dessous de la ligne latérale y sont au contraire très-prononcées, noirâtres, nuancées de bleuâtre, et bordées en arrière de blanc. L'ocelle de la caudale est parfaitement rond, son cercle blanc bien tranché, ainsi que les points blancs semés sur les nageoires verticales, niais que nous ne voyons pas sur les flancs.

Dans le jeune les couleurs sont assez différentes; un ruban orangé règne depuis l'oeil jusqu'à la queue, parallèlement au dos, et il n'y a pas de points blancs; mais la tache oeillée de la queue existe déjà; seule ment le cercle qui l'entoure est de couleur orangée. La dorsale a quelques lignes pâles, descendant obliquement en arrière.

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L'Ophicéphale oellié

(Ophicephalus ocellatus, nob.; Bostrichoïde oeillé, Lacép.)

Si l'on pouvait s'en rapporter entièrement à rexactitude des peintres chinois, le bostrichoïde oeillé de M. de Lacépède (t. II, pl. 14, fig. 3, et t.III, p. 144 et 145), quoique bien certainement un ophicéphale, ne serait pas, tout-à-fait le même que ce marulius.

Son ocelle est sur la fin de la queue et non pas sur la caudale; son corps est verdâtre, avec des bandes plus foncées, mais à peine sensibles, et tout semé de petits points d'un vert-clair brillant. Derrière l'oeil sont deux lignes noirâtres qui se rendent à l'opercule.

On doit espérer que quelque envoi de la Chine ou des contrées environnantes apprendra un jour plus positivement ce que l'on doit penser de cette figure, comme cela nous' est si heureusement arrivé pour l'espèce qui va suivre.

ToC

L'Ophicéphale grélé

(Ophicephalus grandinosus 12, nob.)

Parmi les peintures que M. Dussumier a bien voulu commander à Canton pour enririchir notre travail, est un ophicéphale alongé,

d'un vert d'olive, plus foncé vers le dos, plus pâle vers le ventre, où le dessus de la tête, la bande de l'oeil, celle de la joue et douze bandes verticales sur le corps, un peu arquées en avant, sont d'un vert plus pur et plus foncé. Les flancs sont teints de fauve. Des points jaunes sont semés partout sur le corps, principalement du côté du dos. Il y en a de blancs sur les joues et l'opercule. Les nageoires sont olivâtres.
O. grandinosusO. grandinosus.

Le dessin est long de plus de dix pouces.

Nous ne savions dans quelle division du genre le placer, parce que le peintre chinois n'y a pas marque distinctement les nombres des rayons; mais M. Dussumier lui-même nous a fourni les moyens de compléter la connaisssance de respèce. Il l'a retrouvée dans le Maissour, et nous en a apporté un superbe de deux pieds de longueur et très bien conservé.

Il parait brun, assez foncé, avec des bandes transverses un peu plus foncées, mais peu sensibles. Ses nageoires sont presque noires; les trois verticales sont semées irrégulièrement de points blancs, qui sont aussi répandus sur les côtés, principalement aux environs de la ligne latérale. La dorsale et l'anale se terminent un peu en pointes; les empreintes étoilées de son crâne sont au nombre de deux en avant, de trois en triangle entre les yeux, de quatre sur la nuque, de trois le long du bord montant de chaque préopercule, de trois derrière chaque oeil. et de trois sous le bout de la mâchoire inférieure, Ses dents en velours sont proportionnellement assez fines, et il y en a cinq ou six coniques, médiocres, de chaque côté de la mâchoire inférieure.

D. 53; A. 35; C. 15; P. 17; V. 1/5.

Ses écailles ont jusqu'à cinquante stries à leur éventail.

ToC

L'Ophicéphale barca

(Ophicephalus barca, Buchan.13)

L'une des plus curieuses espèces de ce genre sera l' ophicephalus barca de M. Buchanan (p. 67, et pl. 35, fig. 20). Il n'est pas du Gange, mais du Bourampouter, et ce savant observateur l'a trouvé près de Goyalpara, sur la frontière nord-est du Bengale et tout près du royaume d'Acham. Il s'y tient dans des trous creusés dans les berges verticales de la rivière, ne sortant que la tête pour guetter sa proie. Malgré la vivacité de ses couleurs, c'est, dit M. Buchanan, un animal désagréable à voir; mais on le regarde comme un manger excellent. Il y en a de trois pieds de longueur.

Sa tête est large comme le corps. Les dents en velours de la mâchoire supérieure ne sont pas mêlées de crochets, mais il y a une rangée de fortes dents aigues à la mâchoire inférieure, caractères que nous avons vus à peu près dans toutes les espèces. Les yeux sont petits, les opercules obtus, et M. Buchanan n'y compte aussi que quatre rayons branchiaux; mais il est probable qu'ici, comme pour le marulius, il en a négligé un. On ne distingue pas bien la ligne latérale. Les écailles sont larges et lisses. En arrière la dorsale se termine en angle aigu; elle est presque aussi haute que le corps.

D. 55; A. 35; C. 19; P. 16; V. 5.

Les parties supérieures sont d'un vert foncé; les flancs jaunes et le dessous blanc. De petites taches irrégulières noires sont semées partout sur la tête, le dos et les côtés; et il s'en mêle parmi elles quelques-unes de rouges. Celles du sommet de la tête sont disposées en lignes autour d'un centre comme des rayons. Les nageoires verticales sont d'un vert d'olive avec de nombreux points noirs. Le bord de la dorsale et de la caudale est rouge. Les pectorales sont rougeâtres, tachetées de noir.

ToC

L'Ophicéphale tacheté

(Ophicephalus maculatus, nob.; Bostriche tacheté, Lacép.)

Le bostriche tacheté, que M. de Lacépède t. III, p. 140 et 143) a aussi tiré d'une collection de dessins chinois, et qu'il aurait dû acer parmi ses bostrichoïdes, puisqu' il n'a qu une dorsale14, paraît également un ophicéphale bien que le peintre ait oublié les tubes de ses narines, et semble avoir placé ses ventrales trop en arrière: il diffère de tous ceux que nous avons décrits; mais comme on ne petit compter les rayons de ses nageoires, il n'est pas facile de le classer.

Ses couleurs, telles que les rend la figure, le rapprochent du barca . Son dos est vert foncé; ses flancs verdâtres, et le dessous de son corps d'un blanc jaunâtre: des taches ou des marbrures plus noires sur le dos, plus grises sur les flancs, diversifient le tout. Quatre lignes ou bandes noirâtres partent de la région de l'oeil et se dirigent vers la fente des ouïes. La dorsale et l'anale ont des marbrures, et la caudale des bandes transverses noirâtres sur un fond verdâtre; les pectorales et les ventrales sont plus pâles.

La confiance que l'heureuse vérification de l'ophicéphale grélé nous inspire pour les peintures rapportées de Canton par M. Dussumier, nous porte à indiquer encore ici deux poissons de, ce genre qui y sont représentés, mais que nous ne pouvons placer 'à leur véritable rang, parce que l'on a négligé d'y marquer les nombres des rayons.

ToC

L'Ophicéphale miliaire

(Ophicephalus miliaris, nob.)

L'une d'elles, qui paraît à peu près dans les formes de l' ophicéphale strié,

est d'un gris-brun foncé et a le dos noirâtre. Douze bandes plus noires, un peu arquées, descendent du dos aux deux tiers de la hauteur du corps. Il y en a deux en travers sur le crâne , une en long dans laquelle est l'oeil, et une plus bas sur la joue; celles du corps montent un peu sur la base de la dorsale, et il y a de plus sur le milieu de cette nageoire une rangée de taches grises, une vis-à-vis chaque bande. La caudale a plusieurs lignes verticales noirâtres. La tête et le corps sont semés partout de points blanchâtres et bleus-, qui ne sont- pas répandus également , mais Plus serrés en certains endroits, plus espacés en d'autres, sans régularité. Le bord antérieur de la dorsale s'élève un peu en pointe. Le dessin est long de dix pouces.

ToC

L'Ophicéphale iris

(Ophicephalus iris, nob.)

L'autre doit être voisine du marulius et surtout de l' oeillé;

car elle a aussi un ocelle à la base de la caudale, mais cet ocelle est bleu d'azur, et tout le corps est brun, tirant sur le fauve du côté du ventre, sans taches; les nageoires sont d'un brun plus clair. Le dessin ne présente de dorsale qu'à la partie postérieure, vis-à-vis de l'anale; mais nous avons lieu de croire que c'est une négligence de l'artiste chinois.

Nous avons placé ici ces deux ophicéphales, pour engager les naturalistes qui en trouveront l' occasion à donner avec plus d'exactitude leurs caractères, et surtout les nombres de leurs rayons.

On nous a bien encore communiqué quelques dessins de ce genre faits à Siam et à Malaca, mais qui ne nous ont pas fourni des caractères assez sensibles pour que nous pussions les faire entrer dans notre énumération.

ToC

Footnotes

1 Quand 'on prend les noms étrangers dans un auteur allemand ou hollandais, on doit rendre son w en français par un v simple. Il n'en est pas de même quand on les tire des auteurs anglais. Back

2 Voyez Adelung, Mithridates. Back

3 Il est marqué 69 dans les figures VI et VII, pl. III, de l'ostéologie de la perche (t. I); et je dois faire remarquer ici que l'on y a donné par mégarde sur la figure VI le même numéro au stylet, qui suspend l'os hyoïde ou stylhyal au lieu de 29, qu'il doit porter, comme sur la figure VI de la planche II. Back

4 Marqué 23 dans les figures de l'ostéologie de la perche (pl. I, XI et III du tome I). Back

5 Hamilton-Buchanan, p. 59 Back

6 Dussumier, Mém, manuscr. Back

7 Ophicéphale karouvéi, Lacép.; Ophicephalus lata, Ham. Buch. Back

8 Cuvier was right. O. marginatus was a redescription of what was known those days as Ophiocephalus gachua . The today's valid scientific name is Channa gachua. For a today's scientific discussion, see Channa harcourtbutleri - a valid species of snakehead . Further redescriptions of Channa gachua by Cuvier are O. limbatus, of which only a drawing exists, O. coramota , and O. fuscus . [snakeheads.org]. Back

9 O. coramota was a redescription of what was named those days as Ophiocephalus gachua . The today's valid scientific name is Channa gachua. For a today's scientific discussion, see Channa harcourtbutleri - a valid species of snakehead . Further redescriptions of Channa gachua by Cuvier are O. limbatus, of which only a drawing exists, O. marginatus, and O. fuscus . [snakeheads.org]. Back

10 Cuvier was not right here. O. fuscus was a redescription of what was known those days as Ophiocephalus gachua. The today's valid scientific name is Channa gachua. For a today's scientific discussion, see Channa harcourtbutleri - a valid species of snakehead. Further redescriptions of Channa gachua by Cuvier are O. limbatus, of which only a drawing exists, O. coramota, and O. marginatus. [snakeheads.org]. Back

11 In fact a redescription of C. micropeltes, above . Note of the publishers. Back

12 snakeheads.org identifies this species as Channa asiatica. Back

13 Ce nom paraît le mème que celui de porco, par lequel Huhn) cité par Schneider ( ad reliq. Frideric. II et Albert. magn., t. II, p. 166), désigne un poisson-du Gange à fortes écailles qui peut vivre deux jours hors de l'eau . C'est probablement un ophicéphale. Back

14 M. de Lacépède distingue ses bostriches de ses bostrichoïdes établis les uns et les autres d'après des peintures chinoises, parce que les premiers ont deux dorsales. La figure sur laquelle il a fonde sa première espèce, son bostriche chinois, semble être celle eu gobie ou d'un éléotris. Back

Acknowledgement und Source(s)

This passage was originally published in: G. Cuvier; A. Valenciénnes - Histoire Naturelle des Poissons ; pp. 395-415. Appendice Au Livre VIII. Paris, 1831. Thank you Central Library of Zurich for kind support and service.

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